Pourquoi est-il crucial que les Français optent pour des véhicules électriques ?

Dec 09, 2025Par Conseil Direct
Conseil Direct

L'acquisition d'un véhicule électrique dépasse le simple geste écologique.   Cela offre aussi l'opportunité de diminuer le coût de sa propre énergie.   D'après le récent rapport de RTE sur le sujet, il est clair que si les ventes de véhicules électriques stagnent, les Français se heurteront à un double défi.

Vous vous rappelez des pulls à col roulé, de l'application ÉcoWatt et du grand frisson de coupure d'électricité en 2022 ? Laissez tomber ça. Le 9 décembre 2025, RTE (Réseau de Transport d'Électricité) a récemment diffusé son bilan prévisionnel actualisé et, comme le souligne Contexte, la communication a drastiquement évolué.

L'opérateur du réseau français ne nous demande plus de réduire notre consommation de chaleur, mais plutôt... d'augmenter notre consommation. Particulièrement si c'est pour faire le plein d'une voiture électrique. Si elle souhaite atteindre ses objectifs climatiques et éviter de payer son électricité trop cher, la France doit impérativement stimuler la vente de véhicules électriques.

Le paradoxe : nous avons du jus, mais personne pour le consommer.

Il y a deux ans, on redoutait une pénurie d'électrons. Actuellement, c'est la demande qui fait défaut. En France, la consommation d'électricité ne reprend pas assez rapidement par rapport aux capacités de production (nucléaire et renouvelable), qui, quant à elles, sont en bonne santé.

Pour sortir de cette situation stagnante, RTE a envisagé deux scénarios possibles d'ici à 2035.

L'option « Décarbonation rapide » : c'est le chemin privilégié, l'unique qui nous offre la possibilité d'atteindre l'équilibre carbone. Elle envisage une électrification à grande échelle de nos applications (automobiles, industrie, chauffage).

Le scénario « Décarbonation lente » : aussi appelé le « scénario dégradé ». L'électrification avance lentement, on reste lié aux énergies fossiles plus longtemps que prévu.

L'enjeu, c'est que nous sommes en ce moment davantage orientés vers le scénario de progression lente. Pour rectifier la situation, RTE avertit : les trimestres à venir seront « cruciaux ».

D'ici 2030, il est nécessaire de multiplier par trois les ventes de véhicules électriques.

C'est dans le domaine des transports que les problèmes sont les plus sérieux. Pour rester en ligne avec le modèle vertueux de RTE, il n'est pas suffisant de conserver la cadence actuelle ; un véritable coup d'accélérateur est nécessaire sur le marché de l'automobile.

Voilà les chiffres, et ils sont vertigineux :

Indicateur (Horizon 2030)Scénario « Décarbonation Lente » (Dégradé)Scénario « Décarbonation Rapide » (Cible)
Parc total de Véhicules Électriques (VE)~ 6 millions~ 8 millions
Ventes annuelles nécessaires~ 500 000 – 600 000 / an~ 1,2 million / an
Consommation électrique liée+ 9 TWh+ 17 TWh
Comparaison vs rythme actuelDans la continuité des tendancesTriplement du rythme de vente

À l'heure actuelle (données de 2024), on dénombre approximativement 2 millions de véhicules électriques circulant sur les routes, avec 450 000 unités vendues chaque année. Afin de réussir la transition, il est nécessaire d'augmenter le nombre de ventes annuelles de 450 000 à 1,2 million d'ici à cinq ans. Il faut surmonter ce mur, surtout quand on observe que les ventes ne décollent pas autant qu'attendu.

Pourquoi serait bénéfique pour votre portefeuille que tout le monde opte pour une voiture électrique

C'est l'argument le plus inattendu du rapport : plus notre consommation d'électricité est grande, moins elle nous revient chère.

Le coût de fonctionnement du système électrique français est considérable, notamment en raison des centrales nucléaires et de l'entretien du réseau. Dans le cas où nous sommes en « surcapacité » – c'est-à-dire que nous produisons de l'électricité qui n'est pas utilisée – nous devons tout de même régler le coût de ces infrastructures, mais pour une quantité de vente réduite. Résultat mécanique : le coût par unité connaît une hausse.

Selon les calculs de RTE, opter pour un scénario de « décarbonation lente » conduirait à une augmentation du coût du système électrique de 7 % à 10 % d'ici 2030. Thomas Veyrenc, le directeur général économie de RTE, est très explicite : réussir une décarbonation rapide pourrait permettre d'économiser environ 7 €/MWh en coût total du système comparé au scénario à long terme.

Voitures électriques en train de recharger sur une borne de recharge publique

L'acquisition d'une voiture électrique aujourd'hui n'est plus simplement un acte en faveur de l'environnement, c'est presque un contribution à la communauté pour équilibrer le réseau.

Il est important de souligner que, sur le plan individuel, la voiture électrique réduit considérablement le coût d'utilisation d'un véhicule grâce au tarif de l'électricité. On transitionne d'environ 10 à 12 euros pour 100 km avec une voiture diesel ou essence à environ 2,5 euros avec une voiture électrique chargée à domicile.

Il est vrai que les voitures électriques récentes coûtent généralement plus cher que leurs homologues à moteur thermique. Cependant, étant donné la baisse des coûts d'entretien et de l'énergie, il s'avère en réalité moins onéreux de conduire une voiture électrique plutôt qu'une voiture diesel ou à essence. On observe une multiplication des voitures électriques de seconde main.

Un réseau préparé à encaisser (si on s'y engage)

L'argument suivant revient fréquemment : « si tout le monde charge sa voiture, le réseau va tomber en panne ». RTE continue de refuser, comme il le fait depuis plusieurs années. Effectivement, « d'ici à l'année 2035, la recharge de ces véhicules devrait constituer approximativement 8 % de notre consommation globale ». Tout est réalisable.

Pour faire simple, c'est aux consommateurs et aux industriels de prendre la décision. Le réseau est en place, l'électricité est présente (et décarbonée), cependant, il manque les points de connexion pour l'extraire. Si l'essor des ventes de véhicules électriques tarde à se concrétiser, nous pourrions devoir supporter une augmentation du coût de l'électricité pour financer des centrales qui fonctionneront sans charge, tout en échouant à atteindre nos buts climatiques.