Microsoft, Google et Amazon sont vivement critiqués en Suisse
Tandis que Microsoft enregistre une perte d'utilisateurs au profit de Linux ces derniers mois, il semble que des entités encore plus vastes se détachent des solutions logicielles proposées par le colosse de Redmond.
C'est une publicité que Microsoft aurait préféré éviter. ChannelNews rapporte qu'une résolution a été adoptée par les préposés suisses à la protection des données dans un communiqué publié le 24 novembre dernier, exhortant vigoureusement les institutions publiques à proscrire l'utilisation des services du géant numérique pour la conservation de données délicates.
On critique plus spécifiquement des solutions SaaS (Software-as-a-Service) telles que Microsoft 365 ou Google Drive pour leur insuffisante protection en matière de sécurité des données.
Le cryptage, clé essentielle dans la bataille
La principale critique adressée à ces outils est qu'ils ne proposent pas un « véritable chiffrement de bout en bout, ce qui empêcherait le fournisseur d'accéder aux données ». En termes simples, les autorités de protection des données transalpines redoutent que les législations américaines ne permettent aux sociétés locales (et potentiellement à leurs gouvernements) d'accéder aux informations personnelles des citoyens suisses, amplifiant ainsi « le risque d'une violation des droits fondamentaux ».
« Les sociétés qui opèrent à l'international ne fournissent pas assez de transparence », poursuit le texte, déplorant que « l'emploi d'applications SaaS entraîne donc une perte de contrôle significative ». Les responsables suisses de la protection des données citent expressément Microsoft, Google et Amazon parmi les solutions à éviter.
La seule option pour exploiter les services de cloud des grandes entreprises technologiques est de crypter les données avant de les placer sur n'importe quel cloud. C'est ainsi que les gendarmes suisses de la protection des données peuvent éviter le CLOUD Act, qui pourrait contraindre les entreprises à remettre les données de leurs clients aux autorités américaines sans respecter les normes d'entraide judiciaire internationale, et ce, même si elles sont entreposées « dans des centres de données suisses ».
Un mouvement européen
La Suisse, en cherchant à se distancier des services américains, fait écho à une tendance semblable qui a débuté en Europe. Bruxelles aspire à se libérer de Microsoft suite à la désactivation unilatérale de la messagerie électronique de Karim Khan, procureur de la Cour pénale internationale. D'autres projets, à l'instar de celui de la ville de Lyon, ont aussi suscité des commentaires.
Le mandat de Donald Trump et la guerre technologique qu'il semble vouloir déclencher ont apparemment entamé la confiance que plusieurs gouvernements européens avaient envers les grandes entreprises du numérique. Un éveil que certains pourraient juger tardif, du fait que la célèbre loi CLOUD a été adoptée en 2018.