Fin de parcours pour le concepteur du Roomba : iRobot est désormais sous contrôle chinois

Dec 15, 2025Par Conseil Direct
Conseil Direct

C'est d'une tristesse profonde, mais c'était à prévoir. iRobot, la boîte qui a littéralement inventé l’aspirateur robot avec son Roomba, a déposé le bilan ce dimanche. La société du MIT, abandonnée par Amazon et submergée par la concurrence chinoise, a finalement été… acquise par son fournisseur chinois. Le cycle est complété.

Le pionnier s’est fait sortir de son propre jeu. L'entreprise iRobot, créée en 1990 par des cerveaux du MIT et ayant écoulé plus de 50 millions de robots, a déclaré faillite ce dimanche.

C’est la fin d'une crise qui dure depuis deux ans, malgré de nouveaux modèles extrêmement prometteurs. L'entreprise, qui était auparavant à l'abri de tout changement, sera réorganisée et sera désormais sous la direction de son principal créancier et fournisseur : Shenzhen PICEA Robotics. La technologie issue des laboratoires du Massachusetts a finalement été intégrée à l'usine de Shenzhen qui procédait à l'assemblage de ses produits.

Le coup de grâce de l’Europe

Pour appréhender cet événement, il faut remonter vers 2022. Amazon met 1,7 milliard de dollars sur la table pour se procurer iRobot. C’était l'ouverture de sortie parfaite : Colin Angle, le CEO et fondateur historique, contemplait son bébé intégrer l’empire logistique de Jeff Bezos.

Toutefois, l'Europe a refusé. La Commission européenne, craignant qu’Amazon ne promouve ses propres produits au profit de la concurrence, a menacé de bloquer le deal. Résultat ? En janvier 2024, Amazon jette l’éponge et paie 94 millions de dollars d’indemnités de rupture. Un montant minime face au désastre qui suivit : démission du PDG, licenciement de 31 % des effectifs et chute libre en bourse. Accuser uniquement les régulateurs serait une faute. Le principal problème d'iRobot, c'est qu'ils ont cessé d'innover.

L’échec face à Roborock et Dreame

Pendant qu’iRobot persistait avec sa navigation par caméra (vSLAM), souvent incertaine dans le noir et lente à cartographier, la concurrence chinoise a tout dominé.

Des marques telles que Roborock, Dreame et Ecovacs ont largement contribué à populariser des technologies avancées comme le Lidar (ce laser ultra-précis), les stations de vidange automatique très élaborées et des systèmes de lavage des sols particulièrement efficaces. Pendant ce temps, iRobot persistait à proposer des produits plus coûteux mais moins compétitifs sur le plan technique. Le marché n’a pas été indulgent : les consommateurs ont rapidement compris qu’ils pouvaient obtenir une meilleure qualité à un prix plus avantageux chez la concurrence.

Que faire de mon Roomba actuel ?

C'est une question sensible qui suscite des inquiétudes. Dans son communiqué, iRobot tente de rassurer, affirmant qu'il n'y aura aucun impact prévu sur l'application, le service client ou les garanties proposées. Shenzhen PICEA, nouveau propriétaire, semble déterminé à garantir la continuité des activités. Cependant, en cas de faillite, la situation peut rapidement se compliquer. Si les serveurs venaient à être fermés ou si la restructuration échouait, votre aspirateur robot acheté 800 € risquerait de perdre une grande partie de son utilité.

Roomba aspirant des smarties

Comme le souligne The Verge, un Roomba sans services cloud ne devient pas totalement inutile : les boutons physiques restent fonctionnels. Toutefois, finies les options avancées comme la programmation, les zones interdites, la cartographie intelligente ou encore les commandes vocales via Alexa. Le robot se limiterait alors à un simple aspirateur autonome basique, rappelant ceux des années 2000.

Cette situation soulève également des préoccupations liées aux données. Avec un nouvel acteur chinois à sa tête, les informations relatives à la cartographie de votre domicile pourraient changer de mains d'une manière virtuelle, un point susceptible de provoquer des tensions aux États-Unis. En France aussi, ce sujet ne manquera pas de susciter des débats.